Frédéric Zimett, la Maison Leclerc Briant, est-elle une Maison de famille ?
La première vie de Leclerc Brillant, c'est une saga familiale oui. 5 générations successives de Leclerc qui gèrent la Maison depuis sa naissance en 1872 dans le petit village de Cumières. Les deux dernières générations sont très intéressantes.
En quoi la quatrième génération des Leclerc Briant, est si passionnante ?
La 4e génération, c'est Bertrand Leclerc, il a beaucoup fait évoluer la Maison familiale. D'abord au milieu des années 50, il s'est marié. Il a épousé une demoiselle, Jacqueline Brillant. Comme cela se pratique souvent en Champagne, le mari associe à son nom, le nom de jeune fille de sa femme. Leclerc est donc devenu Leclerc Briant. Et j'en remercie tous les jours Bertrand Leclerc, car même si j'ai beaucoup de respect pour Édouard Leclerc ça m'embêterait un tout petit peu de vendre du "champagne Leclerc" tout court.
Les affaires, à l'époque étaient prospères, Bertrand Leclerc, qui était encore dans la petite structure familiale, a décidé de déménager son business à Épernay, dans les locaux qu'on utilise encore aujourd'hui.
Enfin, Bertrand a abandonné le statut de récoltant-manipulant pour prendre celui de négociant-manipulant (cf article sur les mentions de Champagne). Il s’est donc autorisé à acheter du raisin auprès de vignerons champenois en plus des raisins de sa propre récolte.
Bertrand Leclerc fait parti aussi, de ces vignerons champenois à avoir dirigé sa viticulture vers le bio et la biodynamie ?
Il faut bien se remettre dans le contexte de la fin des années 50 avec le remembrement, l'après-guerre, les trente glorieuses. Il faut nourrir la France et donc réorganiser son agriculture/viticulture. C'est donc l'arrivée assez massive de tout ce qui se termine par « cide » : pesticide, insecticide, herbicide. Bertrand Leclerc, comme les autres, a commencé à utiliser tous ces produits qui permettaient d'éliminer les maladies et de produire plus de récolte. Sauf que Bertrand avait une maladie de la thyroïde. Il s'est vite rendu compte qu’après chaque traitement dans ses vignes, sa maladie s'aggravait et que sa thyroïde le faisait terriblement souffrir. Il a donc très rapidement abandonné l’utilisation de produits de traitement issus de la pétrochimie. C'est quelque part la naissance du bio et de la biodynamie chez Leclerc Brillant dès les années 60 même si à l'époque, on ne parlait pas de certification. Il ne l'a donc vraiment pas fait dans un but marchand, ni marketing, ni par souci de sauver la planète, le problème ne se posait pas encore, il l'a fait simplement parce qu'il souffrait. Donc quand on veut qualifier la quatrième génération, on pense à respect. Respect avec un grand R, de la terre, de sa santé, de la viticulture.