Charlotte de Sousa, vous êtes fille et petite fille de vignerons Champenois, comment est née l’association les Fa’Bulleuses dont vous faite partie?
Nous sommes une association de 7 femmes vigneronnes, créée en 2014. Au départ Hélène et Claire, se sont rencontrées sur un salon des vins à Toulouse, elles se sont dit que ce serait intéressant de monter un groupe de parole de femmes, de la même génération, et amoureuses du et de la Champagne. Hélène connaissait les associations de femmes des autres régions, entre autres les Vinifilles dans le Languedoc. L’idée est née comme ça, de pouvoir se réunir sous la même bannière, celle des femmes vigneronnes, en Champagne. Hélène et Claire ont réuni 5 filles de plus. Et au fur et à mesure l’association s’est créée. Dès le départ, nous avons trouvé un équilibre à 7 et nous souhaitons rester comme ça. Nous avons créé en plus un vrai lien d'amitié. Et puis, le chiffre 7 est très symbolique.
En quoi ce chiffre 7 est symbolique pour vous ?
Le chiffre 7 se retrouve dans un grand nombre de traditions, de croyances, et de légendes par exemple. Il évoque le cycle parfait, abouti, et achevé. Le chiffre 7 fait penser, entre autres, aux 7 jours de la semaine, aux 7 couleurs de l’arc-en-ciel, et aux 7 merveilles du monde, comme nous ! (rire)
Est-ce important de se réunir exclusivement entre femmes ?
Oui, nous avions besoin de nous entraider surtout sur le plan professionnel, avec tout ce qui concerne la vigne, les vins, la transmission, le travail en famille. Nous nous comprenons, on a les mêmes problématiques d’une exploitation à l’autre. On se sent moins seules. Nous échangeons et nous nous épaulons énormément. C’est aussi l’occasion de se réunir autour d’une voix commune plus forte que chacune de notre côté.
En 2021, vous êtes encore très peu d’associations de femmes vigneronnes en Champagne ?
Quand nous avons créé l’association, nous étions la tout première association de vigneronnes viticultrices en Champagne. Nous étions très surprises qu’il n’y en ait pas d’autres avant. Et pourtant, il y a toujours eu des femmes viticultrices en Champagne, mais elles ne se sont jamais regroupées. Elles sont souvent dans l’ombre de leur mari, ou de leur père et encore plus considérée comme étant « au bureau » et pas sur le terrain. Souvent, le vigneron est mis en avant, mais pas le couple dans son ensemble. Nous souhaitions mettre en avant les femmes et ne plus être dans l’ombre de quelqu’un. Les grandes veuves sont très connues (Mme Pommery, Mme Clicquot, Mme Perrier...) , mais cela fait un moment qu’elles ne sont plus là. Il y a quand même assez peu de femmes vigneronnes mises en lumière.
Avez-vous eu à l’époque des réflexions d’hommes sur la création de cette association exclusivement féminine ?
Oui bien sûr, surtout au début. Forcément, les médisants considéraient ce projet comme quelque chose de pas du tout sérieux. Nous avions autour des 25 ans, et on entendait beaucoup ici et là, que ça ne durerait pas, qu’on se « crêperait forcément le chignon » ou « oh, un petit groupe de filles qui vont se réunir autour d’un café pour parler tupperware ! ». Les gros stéréotypes habituels. En revanche, nous avons été soutenues et encouragées par beaucoup aussi, nos familles, amis et l’entourage.
Vous avez même reçu en 2016 le trophée champenois du packaging de l’année ?
Nous avions sorti un coffret en forme de pot de peinture, comme un seau à champagne qui se transforme en tabouret ensuite, le « Fa’bulleuse seat ». C’était un packaging très moderne, contemporain et coloré. Nous avions souhaité dépoussiérer un peu l’image du champagne en mettant dans ce pot de peinture nos 7 champagnes. Nous avons eu une chance incroyable. C’est un vrai travail d’équipe qui est récompensé par ce trophée.