Nicolas Jaeger, comment vous approvisionnez-vous en raisins pour la marque Alfred Gratien ?
La Côte des blancs, la montagne de Reims et la Vallée de la Marne sont mes lieux d’approvisionnement. Nous restons autour de la ville d’Epernay de façon totalement exclusive. Notre devise « Des bons raisins pour faire des bons vins ». Nous bichonnons nos livreurs et nous y sommes fidèles. Mon grand-père travaillait déjà pour Alfred Gratien et travaillait aussi déjà avec les parents de nos actuels viticulteurs. Il y a une vraie fidélité et une vraie sensibilité à livrer Alfred Gratien et ça fait partie du patrimoine de la Champagne. Chez Alfred Gratien, tous les vins sont travaillés séparément, ce qui va permettre d’avoir la possibilité de faire des assemblages pointus certes, mais aussi de faire déguster à nos viticulteurs le fruit de leur production. C’est important, parce que quand on livre Alfred Gratien, on n'est pas anonyme, on s’implique dans une démarche qualitative.
Votre famille travaille pour la marque depuis 1905, était-ce une évidence pour vous de suivre les pas de vos ancêtres?
Nous avons la chance avec mon père et mon frère d’être aussi viticulteur en Champagne. Nous avons toujours baigné dans ce monde viticole, donc oui, c’était une évidence de travailler dans le vin. Les raisins que mon grand-père produisait étaient déjà achetés par la Maison. Notre production entre donc aussi dans l’élaboration de certaines cuvées de la Maison. Le 1er juillet 90, l’ancienne direction m’a proposé de travailler avec mon père Jean-Pierre, j’ai dû réfléchir moins d’une minute pour dire oui. Après 17 années de collaboration, auprès de mon père, j’ai pris sa suite et suis devenu, à mon tour, Chef de Caves du Champagne Alfred Gratien en 2007. Il y a une âme dans cette Maison et je fais l'a vivre comme si c’était la mienne.
Vous êtes une petite équipe de 7 personnes, comment travaillez-vous ?
Chaque personne de l’équipe est importante, je leur fais totalement confiance. Quand je m’absente pour être dans le vignoble, je sais qu’en cave tout le monde est à son poste, et qu’au moindre problème ou doute, on m’appelle. Le passage en fût est un énorme travail et j’ai coutume de dire qu’avec un fut, on peut faire le meilleur, comme le pire. Mon équipe est donc essentielle. Le Chef de Caves est surtout comme un chef d’orchestre qui n’est pas grand-chose sans son équipe. J’ai plutôt un joli métier.
Avec combien de viticulteurs travaillez-vous ?
Une petite cinquantaine. Le but n’est pas d’avoir de très gros approvisionnements par viticulteurs, mais surtout d’avoir une belle diversité qui est importante pour les assemblages.
Quelle est la particularité de la Maison Alfred Gratien ?
Nous élevons 100 % de nos vins en fûts de 228 litres, et nous n’effectuons jamais de fermentation malolactique. Ce qui nous permet de conserver la fraîcheur des vins. Ce sont des vins de champagne, je mets l’accent sur le mot « vin », car avant tout un bon champagne, c’est un grand vin. C’est vinifié, chouchouté et élaboré comme un vin.